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en alimentation et productions animales
20
Octobre
Comment l’alimentation animale peut contribuer à la relance porcine. 20 octobre 2015
Compte rendu

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Observatoire des productions animales.

Eric Porcheron (Unigrain) : Le marché mondial de la viande de porc offre des opportunités, avec de aléas comme l’a montré la fermeture du marché russe. Toutefois, les exportateurs ont de réelles opportunités et l’UE a son rôle à jouer. Les dynamiques au sein de l’UE sont très contrastés : émergence de l’Espagne et de l’Allemagne, régression des Pays Bas et de la France. La filière française souffre sur l’ensemble de ses maillons, de l’élevage à l’abattage. Sa situation demande des réponses conjoncturelles mais aussi structurelles : travail sur la compétitivité, la création de valeur et la différenciation, une meilleure adaptation de l’offre à la demande et la réponse aux contraintes environnementales. Mais la filière bouge, comme le montre le lancement de la plate forme France – exportation, les annonces de grands groupes de charcuterie désireux de travailler dans un partenariat plus étroit avec l’amont, les investissements dans les outils d’abattage et de transformation.

Michel Rieu (Ifip) : la question posée à la filière porcine française est de retrouver le dynamisme qu’elle a connu dans les années 80 alors qu’elle traverse une stagnation, ou tout de retrouver au moins un certain dynamisme. La filière a connu un choc culturel, entre la perception de la société et ce que voulaient les éleveurs. Elle doit reconstruire un nouveau modèle d’élevage et d’industrie compatible avec ce que désire la société mais qui soit également compatible avec les exigences de la compétitivité internationale.

René Maillard (Belgiun Meat Board) : la filière porcine belge souffre comme la filière porcine française puisque la crise actuelle est une crise de surproduction européenne. Toutefois, les opérateurs belges semblent plus flexibles que leurs homologues français, peut être car, positionnée à la croisée de l’Europe, la Belgique n’a pas le choix. Elle doit continuer à exporter, sachant qu’aujourd’hui les deux tiers de sa production sont consommés hors de ses frontières.

Thierry Rocaboy (consultant) : la filière porcine vietnamienne est à la croisée des chemins. Encore principalement entre les mains de petits fermiers (80% des volumes), ses efforts d’organisation sont soutenus par le gouvernement qui incite notamment de riches vietnamiens qui ont réussi dans d’autres domaines que l’agroalimentaire, à investir en alimentation animale et dans la transformation. Pour l’instant les investisseurs sont principalement étrangers (thailandais, philippins, mais aussi européens), les nouveaux venus se montrant plus dynamiques que les acteurs historiques.

Eric Schetelat  (Inzo) : même si aucune innovation de rupture n’est attendue, la nutrition animale peut encore contribuer à réduire les couts de production en affinant sa connaissance des matières premières et en s’adaptant aux évolutions de la génétique porcine. L’alimentation est en effet en interaction avec de nombreux autres domaines pouvant limiter l’expression du potentiel de l’animal et donc de la compétitivité (bâtiments, hygiène…). Il est donc encore possible de gagner quelques euros par porc en explorant de nouvelles voies : booster certaines phases très spécifiques (nidation par exemple), appliquer les recommandations de la nutrition de précision, travailler sur la nature des glucides, mieux caractériser chaque lot de matières premières pour réduire la variabilité…

Mathieu Lepouder (Evonik) : les acides aminés offrent un levier pour réduire le coût alimentaire et la dépendance aux matières premières riches en protéines. Les pratiques relevées dans les quatre principaux pays européens producteurs de porc (Allemagne, Espagne, France, Pays-Bas), montrent une réelle diversité dans les pratiques. Avec une utilisation beaucoup plus importante en Espagne et aux Pays Bas en raison de recommandations nutritionnelles différentes dans ces pays et le prix des matières premières.

Christophe Courrousse (Terrena) : la filière porcine est encore peu segmentée et de réelles opportunités émergent, notamment en lien avec la nutrition animale, pour segmenter en fonction de l’origine des matières premières et la manière dont ces matières premières sont produites dans les exploitations agricoles. Les agriculteurs peuvent identifier un certain nombre d’enjeux techniques et communiquer jusqu’aux consommateurs, par exemple les porcs produits sans antibiotiques durant la phase d’engraissement.

Paul Auffray (président de la FNP) : dans un contexte de crise très profonde, les éleveurs ont la volonté de vivre de leur métier. Leur priorité est une profonde rénovation des relations commerciales entre les éleveurs, les abatteurs et les distributeurs avec, notamment, la contractualisation. On a beaucoup péché par orgueil dans ce pays, nous sommes le dos au mur et nous devons donc rénover les choses en profondeur afin de retrouver du dynamisme et d’honorer le marché français de la meilleure des manières, avec des produits de qualité.


Présentation de la session
Eric Porcheron. Unigrain
Michel Rieu. Ifip
René Maillard. Belgium Meat Office
Thierry Rocabois. Consultant
Eric Schetelat. Responsable service Porcs Inzo
Mathieu Lepoudere. Evonik Nutrition & Care
Christophe Courrousse. Directeur Marketing. Terrena
Paul Auffray. Président de la FNP